Il est 16h30 lorsque nous arrivons à l'hôpital Saint-Louis, service coquelicot, chambre 3606. Tu es là dans ce lit entouré de tes parents effondrés. Ta maman me regarde, vous avez les mêmes yeux verts..., elle se blottit dans mes bras et je voudrais pouvoir lui parler correctement espanol, trouver les mots qui la soulage.... Ton visage est gonflé par la morphine, tu somnoles et tu es agité à cause des démangeaisons. Il fait chaud dans cette chambre non climatisée. Ta maman ne cesse de te passer des gants d'eau et te ventiler pour que tu te sentes mieux. Nous nous relayons. Tu ouvres les yeux, tu me regardes, me souris en me faisant un signe. Jorge, comme j'aimerais pouvoir t'épargner ces moments si cruels. Je n'oublierai pas ce sourire.

L'heure tourne, le personnel continue son travail comme d'habitude sans se préoccuper de quoique ce soit. Pourquoi suis-je obligée d'aller voir l'infirmière pour lui demander une crème et quelque chose pour que tu ne te fasses plus mal en te grattant. Elle revient avec la polaramine.

Il est maintenant 22H30 lorsque cette infirmière arrive. Elle s'est occupée de toi lorsque tu étais dans le flux il y a deux mois. Elle vient te donner des forces. Elle propose à tes parents de faire venir un prêtre. Il arrive dans la chambre en demandant si tes parents parlent français. Non. Puis il demande ton prénom et demande si tes parents veulent lire un texte en français. Quelle maladresse !!!

Il est 1 heure du matin, tu es maintenant calme, ta respiration est bonne et nous croyons tous que les docteurs se sont peut-être trompés. Eric et moi te laissons avec regret. Nous reviendrons dans quelques heures.

Il est 15H00 lorsque j'apprends par ton papa que tu nous as quitté. Je me sens profondément triste. Je pars de suite vous rejoindre. Raphaël ne dit rien lorsque je lui dis que je vais te voir.

J'arrive à 16H00....un drap cache la porte vitrée. Je rentre.....tu es là dans ce même lit, débranché. Plus de pompes, plus de médicaments, plus de morphine, plus d'oxygène....fini les souffrances. Ton petit frère, Michel est là près de toi, sa tête contre la tienne et te caresse le visage. Je t'embrasse une dernière fois mon cher Jorge. Je ne te verrai plus mais tu restes dans mon coeur.

Tes parents, tes deux frères et tes deux soeurs doivent maintenant apprendre à vivre sans toi. Cela va être dur mais je sais que tu veilles sur eux. Tu voulais retourner au Paraguay mais aucune compagnie aérienne n'accepte de rapatrier ton corps.Cela représente beaucoup d'argent pour tes parents. Tu seras donc enterré demain après-midi au cimetière de Pantin.  Nous t'y accompagnerons petit Jorgé.

Merci Jorgé pour la casquette.

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